Ça n’ira pas. “C’est fait! il pointe les bras tendus. Didier a 54 ans : trois doses de vaccin ne l’ont pas empêché “d’attraper le Covid”. “Il faut en rester là un peu, on a été obligés de se faire vacciner sans vraiment avoir d’autre choix et pourtant, on a tous attrapé le Covid, alors je me dis : qu’est-ce que je risque si je me contamine à nouveau ?” Au centre de vaccination du CHU de Bordeaux, situé à l’hôpital Haut-Lévêque, le Dr Marianne Lafitte, chef de service, hausse les épaules avec fatalisme. “Et nous les soignants, mais même les scientifiques sont à court d’arguments. Il devient très difficile de trancher sur les indisciplinés. Cependant, nous prenons collectivement un gros risque. Certes, ces derniers jours, nous avons décuplé le nombre de personnes vaccinées ici. C’est encourageant, mais on part d’une base tellement basse… » L’an dernier, à la même date, le centre vaccinait 800 personnes par jour, seulement 150 aujourd’hui. L’année dernière à la même date, le centre vaccinait 800 personnes par jour, seulement 150 aujourd’hui « Mais l’an dernier, le ravitaillement des sites de vaccination a été exubérant sur tout le territoire, explique le médecin. Il y avait encore des centres ouverts un peu partout, ce qui montre à quel point nous sommes critiques. Ce mercredi matin un couple est arrivé de Libourne. Tous les deux âgés de 75 ans, un peu timides, ils ont ouvert les portes battantes et se sont présentés. « Cela fait deux mois que nous essayons de trouver une place chez nous, s’excusent-ils. Nous avons même appelé l’ARS pour savoir où nous pourrions nous faire vacciner rapidement. Pas de problème, ils ont été accueillis à bras ouverts par l’équipe du Dr. Lafitte, on a failli leur offrir un bouquet de fleurs pour les remercier…
Généraliser la pertinence des vaccins
Au centre de vaccination du CHU, nous vaccinons contre le Covid, quatrième ou cinquième dose avec les vaccins bivalents Pfizer et Moderna adaptés aux souches variantes Omicron, mais nous vaccinons aussi contre la grippe dans la mesure du possible. Les candidats présentés sont convaincus. Robert, 75 ans, de Créon (33), est venu prendre rendez-vous et nous l’avons réservé. « Alors j’ai eu les deux vaccins, le quatrième du Covid et de la grippe, je n’en demandais pas tant. C’était super, rapide, efficace. » lâche-t-il avant de partir. Christian et Christiane, 74 ans, n’ont pas hésité, arrivant main dans la main. « Nous avons fait notre quatrième dose en juin, nous arrivons pour la cinquième, il ne fait aucun doute que le Covid va nous déchirer et nous avons plus confiance dans le vaccin que dans la chance. Dans une paroisse un autre couple sexagénaire : « C’est le cinquième volet, on reçoit toute la famille à Noël, avec les jeunes et les enfants, au moins on ne s’inquiètera pas. On essaie d’amener les jeunes à faire leur rappel, mais ils en ont marre. » « Je rêverais d’un simple message d’une ligne : quiconque n’a pas reçu de dose au cours des six derniers mois mérite d’être vacciné. Indépendamment de leur âge ou de leurs antécédents avec Covid.” https://t.co/gJ3xeeHjPt — Antoine FLAHAULT (@FLAHAULT) 4 décembre 2022 Selon Marianne Lafitte, la menace des fêtes de fin d’année attire de plus en plus de monde vers les vaccins. “Les gens sont fatigués de l’atmosphère empoisonnée du pays, de l’économie, des pannes d’électricité, de l’environnement. Il semble que prendre soin de sa santé ne soit plus une priorité. Cependant, les recommandations gouvernementales ne sont pas claires : les critères d’éligibilité sont trop complexes, il faut rapidement généraliser l’accès au vaccin pour tous. Dans certains endroits, les gens refusent le vaccin parce qu’ils ne sont pas éligibles. Ici, on prend tout le monde ! » Ce vendredi, le ministre de la Santé François Browne doit tenir une conférence de presse sur le Covid, il y a fort à parier qu’une décision sera prise pour généraliser l’accès au vaccin. Au CHU de Bordeaux, l’information ministérielle n’a pour l’instant pas filtré : “Nous ne recevons jamais de notification urgente de la Direction générale de la santé avant vendredi après-midi à 18 heures”, observe Marianne Lafitte. « Eh bien, nous nous attendons à être prêts à accueillir le monde ! »
“La grippe ne prend pas”
Petit tour d’Amou dans les Landes, où le Dr Guillaume Darmaillacq, ardent artisan de la vaccination en Ehpad, a l’air fatigué. “La grippe ne s’attrape pas. Cependant, nous connaissons bien nos patients, toujours courageux pour se faire vacciner contre la grippe régulièrement. Mais là, ils bloquent. Et c’est sans appel. A cause des mauvaises nouvelles, les gens veulent aller à l’essentiel, la vaccination n’est plus l’essentiel. On arrive à faire quelques injections ici et là en plus des consultations. Cependant, le vaccin contre la grippe est assez populaire. Le problème c’est qu’en janvier avec le froid et après les vacances, on va être débordés et il va être difficile de répondre à la demande… »