“Malgré le temps qui s’est écoulé, aucune enquête n’avait été ouverte” par M. Moradini pour ces “actes criminels”, a évalué le président du tribunal, soulignant toutefois qu’”il ne ressort ni du dossier ni des discussions , si M. Moradini peut être qualifié de prédateur ou de pédophile.” En prononçant cette condamnation, le tribunal a suivi les injonctions du procureur à l’encontre de ce responsable du PAF, aujourd’hui présentateur quotidien à CNews. Le tribunal ajoute une obligation de traitement de deux ans ainsi qu’une inscription au fichier des délinquants sexuels ou violents (Fijais). “Cette décision est incompréhensible et assez sévère et nous comptons faire appel de cette décision”, a réagi l’une des deux avocates de l’animateur, Corinne Dreyfus-Schmidt. Lire aussi : Le présentateur télé Jean-Marc Moradini jugé pour “corruption de mineurs”

Messages sexuels

De son côté, Me Francis Szpiner, avocat d’une victime et du syndicat La voix de l’enfant, s’est réjoui que « M. Morandini, qui a contesté les faits et nié, a été reconnu coupable par une décision motivée. » M. Morandini, qui a été condamné le 24 octobre pour “corruption de mineurs”, était absent de l’annonce de la décision mais en direct ce matin-là sur CNews. Agé de 57 ans, il s’était manifesté fin octobre pour une série de messages envoyés à deux jeunes filles de 15 ans en 2013 et 2015-2016, qui consistaient en l’un incitant à des scénarios sexuels et le second lui demandant d’envoyer une photo nue. Face au tribunal correctionnel, le présentateur vedette de CNews a également comparu car, en 2009, il a piégé un garçon de 16 ans au cours duquel il lui aurait demandé de se déshabiller et de se masturber.

Retour en prison pour “harcèlement sexuel”

Lors de son procès, Jean-Marc Moradini a contesté toute “attirance particulière” pour les mineurs. “On était d’humeur”, avait-il surtout essayé d’expliquer. Un argument démenti à la barre par l’une de ses victimes, âgée de 15 ans à l’époque, qui dit avoir poursuivi les échanges sexuels à contrecœur car il “voulait travailler dans les médias”. Les arguments de M. Moradini n’ont pas convaincu le procureur. “Ce n’est pas téméraire d’avoir des échanges sexuels avec des mineurs, c’est un crime”, a déclaré fin octobre le procureur Aurélien Brouillet, s’inquiétant de l’inconscience du prévenu. Les trois plaignants dans cette affaire avaient saisi la justice après la publication en 2016 par le magazine Les Inrocks d’un article sur les castings de nus que M. Morandini organisait avec des comédiens adultes dans le cadre d’une websérie project.erotic. Pour ces événements, M. Moradini est retourné dans le système carcéral et sera jugé dans les prochains mois à Paris pour “harcèlement sexuel” d’un acteur adulte, tandis que sa société de production comparaîtra pour le “travail d’infiltration” de cinq plaignants. Interrogée par l’AFP sur le maintien à l’antenne de l’animateur, la direction de CNews a répondu qu’avec le recours interjeté, la présomption d’innocence “est valable” et que “Jean-Marc Moradini continue de présenter son émission”. Le monde avec l’AFP