“Non seulement les choses n’allaient pas mieux, mais elles étaient pires. […] On a vu les choses empirer, les choses nous échappent. » — Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada Et selon le premier ministre, ni les services de police ni les provinces n’avaient de plan pour la situation. Il ne suffisait pas d’avoir un plan pour dégager telle ou telle voie de circulation. Un plan était nécessaire pour empêcher une résurgence ou une flambée de protestations ailleurs. […] La situation échapperait aux forces de l’ordre. Le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi d’urgence le 14 février 2022 pour mettre fin à un rassemblement de camionneurs et d’autres manifestants opposés aux mesures sanitaires liées à la COVID-19 qui ont paralysé le centre-ville d’Ottawa du samedi 29 janvier au dimanche 20 février. Cette loi – votée en 1988 pour succéder à la Loi sur les mesures de guerre – prévoit notamment qu’une enquête publique doit examiner rétrospectivement les circonstances qui ont amené les autorités à prendre une telle décision.

La voie pour invoquer la loi d’urgence

Sans hésiter, Justin Trudeau a admis que depuis le début du convoi de la liberté, il envisageait d’invoquer la loi d’urgence. Ce n’était pas pris trop au sérieux, c’était une réflexion. Mais c’est le 10 février que les discussions utiles autour de tout cela ont commencé. Lors d’une réunion avec l’Incident Response Team (GII), le Premier ministre a indiqué avoir demandé aux différentes parties prenantes, notamment des fonctionnaires et des ministres, de lui soumettre lors de la prochaine réunion les outils supplémentaires dont nous ne disposons pas. l’état d’urgence doit être invoqué. Que ferions-nous de la Loi d’urgence? La réunion suivante a eu lieu le dimanche 13 février, vers 16 heures. Six mesures ont alors été proposées pour mettre fin aux blocages, mais aussi pour empêcher les manifestants de revenir ou de repartir ailleurs. « Quelles sont nos options pour mettre en œuvre ces mesures ? À ce moment-là, il devenait clair que la situation était urgente, qu’elle pouvait empirer, qu’il était urgent d’agir et que l’outil pour apporter ces outils particuliers rapidement était une législation d’urgence . » — Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada Justin Trudeau a assuré qu’un consensus avait d’abord été atteint au sein de ce GII et plus tard plus tard dans la soirée lors d’une réunion du Cabinet. Mais il dit que sa décision n’a pas été prise le 13 février. Le lendemain, le 14 février, il a rencontré les premiers ministres provinciaux, qui, selon lui, ont été choqués. Il a alors reçu une note du chef de la fonction publique du Canada demandant l’invocation de la Loi d’urgence. C’est là que j’ai pris la décision. Je suis complètement serein et sûr d’avoir fait le bon choix. Plusieurs personnes sympathiques à la cause du « convoi de la liberté » ont fait la queue pour pouvoir assister personnellement au témoignage du premier ministre Justin Trudeau devant le comité Rouleau vendredi. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

La question du seuil de menace pour la sécurité nationale

Depuis le début des audiences publiques de la commission – qui en sont à leur dernier jour – les ministres et hauts fonctionnaires interrogés ont tous soutenu que le cabinet avait le droit d’invoquer les mesures d’urgence, même si le Service canadien du renseignement de sécurité ( SCRS ) avait décidé que ni l’occupation d’Ottawa ni les blocus frontaliers ne constituaient une menace pour la sécurité nationale. Cependant, la Loi sur les mesures d’urgence est claire et définit une menace à la sécurité nationale au sens de l’article 2 de la Loi sur le SCRS. Et une telle menace à la sécurité nationale doit être identifiée pour justifier l’invocation des mesures d’urgence, une loi d’exception et de dernier recours. Justin Trudeau a fait valoir que les contextes et les objectifs du SCRS et du gouvernement fédéral sont différents, et que le contexte dans lequel nous étudions cette définition est très différent du contexte très étroit du SCRS. Les mots dans les deux cas sont les mêmes, mais la question est de savoir qui interprète ces mots et quel est le but de l’exercice. L’objectif dans ce cas était de s’assurer que nous aurions des mesures temporaires d’urgence qui mettraient fin à cette urgence nationale. Il fallait établir si la situation dans le pays constituait ou non une menace pour la sécurité du pays. Nous avons regardé [l’article 2C] surtout [de la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité]. La responsabilité du premier ministre est de prendre des décisions difficiles et d’assurer la sécurité des gens. À l’époque, le point de vue du cabinet et le mien était qu’il fallait assurer la sécurité des gens. Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité Article 2. Les activités suivantes constituent des menaces à la sécurité du Canada : […] (c) les activités qui affectent ou se déroulent au Canada et qui visent à encourager le recours à la violence grave ou aux menaces de violence contre des personnes ou des biens pour atteindre un objectif politique, religieux ou idéologique au Canada ou dans un État étranger ; […] Le Premier ministre est le dernier témoin de la phase proprement dite des audiences publiques de la Commission, qui durera un peu plus de six semaines. Avant lui, sept ministres libéraux ont témoigné devant le juge Paul Rouleau, qui tente de savoir comment le gouvernement a interprété la définition de menace à la sécurité nationale, nécessaire pour invoquer la Loi sur les mesures d’urgence. Jeudi, la ministre des Finances et vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland — qui craignait que la marche pour la liberté ne cause des dommages irréparables à l’économie canadienne — a laissé entendre qu’une menace à la sécurité économique est une menace à la sécurité de tout le pays. Cependant, il a refusé de révéler si le recours aux mesures d’urgence était fondé sur cette notion de menace pour l’économie canadienne. Le Comité sur l’état d’urgence entamera la phase politique de ses travaux le lundi 28 novembre.